"Si l’abeille venait à disparaître, l’homme n’aurait plus que quelques années à vivre" (A. Einstein)

Une petite introduction

Depuis une trentaine d'années, les apiculteurs ont pu constater une mortalité inquiétante des abeilles dans de nombreux pays. Ainsi, certaines ruches peuvent perdre jusqu'aux trois quarts de leur population, sans explications. Les causes plausibles sont nombreuses ainsi que les questions quant aux conséquences de cette disparition.


Combien de temps les abeilles vont-elles survivre dans un environnement en dégradation ?


Trouverons-nous la véritable origine du problème? que se passerait-il si nos butineuses favorites devaient disparaître ?


La médiatisation du problème est-elle suffisante?


Autant d'interrogations auxquelles nous essayons de répondre; consultez nos articles et rubriques pour en savoir plus et vous informer de la situation actuelle!


N.d. R. : Les mots de couleur rouge dans les articles sont définis dans notre lexique, situé dans la partie gauche du blog.


mercredi 2 mars 2011

Les pesticides: une des causes de la disparition des abeilles

     Les apiculteurs ont depuis quelques années dans le collimateur des produits utilisés en enrobage sur les semences pour lutter contre les insectes ravageurs ou les champignons qui peuvent ronger les récoltes. Ces insecticides contiennent des substances qui pénètrent dans la plante traitée, et diffusent dans la sève : ils sont systémiques. Ainsi on retrouve à l'état de traces dans le pollen des plants traités des éléments toxiques, certes très efficaces contre les insectes ravageurs, mais malheureusement aussi sur les butineuses.Et dans le cas où la plante traitée n'est pas butinée par l'abeille, comme le maïs, par exemple, ce n'est pas moins dangereux : dans la nature la reproduction sexuée des plantes est permise en partie par le vent, qui transporte le pollen et les organes reproducteurs mâles d'une plante vers une autre. Ainsi, un pesticide appliqué sur un plant de maïs peut se retrouver dans la sève de nombreuses fleurs alentours, qui seront visitées par des abeilles. 
En France, ce sont 8.000 tonnes de pesticides qui sont rependus chaque années. 

     Nous avons contacté M. François Moreau, Vice Président du Syndicat National d'Apiculture et Président de la Société Régionale d'Apiculture des Bouches du Rhône, pour lui demander plus d'informations sur le CDD.

mam_94 : Au jour d'aujourd'hui, la cause du syndrôme d'effondrement des colonies est-elle clairement déterminée?

M. Moreau : Nous sommes au pays de Descartes; et l'on voudrait qu'il n'y ait qu'une seule cause. Nous raisonnons en langage binaire, c'est 1 ou 0, ou si vous préférez Oui ou Non. Hors dans ce cas comme d'en beaucoup d'autres, il y a évidemment plusieurs facteurs. On parle alors de causes multifactorielles.

        

 N'y a t'il pas un facteur qui se démarque des autres dans la disparition des abeilles?

      
    Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, on a recours massivement à l'emploi des phytosanitaires. La France en est l'un des plus gros consommateurs avec le Danemark et les E-U. Et ces phytosanitaires sont de plus en plus performants. Actuellement quelques dizaines de grammes par hectare (10.000 m carré) suffisent.            

     Normalement un produit phytosanitaire est autorisé a être utilisé seul. Hors dans la pratique, sur le terrain, les mélanges se font, et pratiquement aucuns des fabricants de ces produits n'a étudié les effets de ces mélanges.Les rares mesures faites montrent des effets souvent exponentiels. Qui n'ont jamais été étudiés, car cela n'avait jamais été envisagé par les fabricants.   


     
     Le plus gros risque pour les abeilles se situerait donc dans les mélanges de pesticides...

     Il y a également autre chose : Les abeilles et les insectes pollinisateurs en général sont porteurs de virus. Hors les chercheurs ont annoncé que la conjugaison d'un virus chez l'abeille et la présence d'un phytosanitaire peut multiplier par un facteur 1000 leur risque de mortalité. Les recherches sont donc axées vers plusieurs facteurs réunis qui feraient s'effondrer les colonies d'abeilles.


     Pour conclure sur le danger des pesticides pour nos butineuses, nous pouvons citer comme exemple le pesticide Gaucho, composé d'imidaclopride, un principe actif. Ce pesticide à été l'objet d'une grande controverse en France, à partir des années 1994. En effet, l'imidaclopride avait tout pour plaire: c'est un insecticide particulièrement efficace, d'une grande rapidité d'action, et persistant longtemps dans les cultures. Il est largement employé sur le tournesol, le riz, les légumes, le maïs et les céréales d'automne.L'imidaclopride est destiné à être appliqué aux semences avant semis, ou sur les feuilles des plantes. 

Mais ce pesticide fut l'objet d'une grande controverse dans de nombreux pays et particulièrement en France: selon l'Union Nationale des Apiculteurs, le nombre de ruches a diminué d'un tiers entre 1995 et 2001, la production moyenne de miel s'est effondrée, passant de 75 à 30 kg par ruches. Et pour cause: la molécule du Gaucho diffuse dans le système vasculaire de la plante et sa toxicité réside dans une surexcitation  du système nerveux des insectes.
     Les apiculteurs français affirment que le Gaucho, en tant que traitement pour tournesol, a décimé les abeilles et causé un effondrement substantiel de la production de miel. L'imidaclopride a été utilisée en France, sous une autre forme que l'enrobage des semences, jusqu'à très récemment en traitement des arbres fruitiers. Le produit est appliqué en dehors des périodes de floraison pour ne pas exposer les butineuses, puisque ce sont elles qui assurent la pollinisation des vergers et donc les productions fruitières. Les traitements avec l'imidaclopride, hors floraison, sur arbres fruitiers sont encore très utilisés en Espagne et en Italie sans induire de mortalité massive sur les abeilles. En outre, les Landes n'ont pas eu d'important problème de mortalité des abeilles à déplorer alors qu'elles figurent parmi les plus gros utilisateurs de maïs traité par ce pesticide.


     Le Gaucho n'est pourtant pas le seul pesticide nocif pour les abeilles, mais c'est l'unique plus ou moins connu du grand publique.


A.B.



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